Frans VAN ROBAEYS fut surpris de la vie grouillante dans le port, en descendant de la goélette qui l’avait amené tout droit du Witland.
Bien qu’il fut né en Noordzeeland, il avait très tôt quitté l’île natale, emmené par son père récemment veuf vers les colonies où ce dernier entendait bien faire fortune.
Piet VAN ROBAEYS, son père, avait en effet connu des jours plus fastes. Fils d’un petit noble du Duinkerkehoek, descendant d’une lignée de commerçants de Zomerwind, il avait même épousé la fille du Marquis de Bloemeke, cette petite île au climat doux et couverte de fleurs. Les choses s’étaient gâtées avec la mort de la jeune marquise et des investissements malheureux dans une douteuse société d’armateurs noordzeelando-russlave qui prétendait développer des liaisons maritimes et fluviales innovantes entre Rijsel et Murasibirsk…
Le destin de la famille VAN ROBAEYS se jouerait donc dans les terres froides et riche de l’empire du Witland, entre Aïnouts, aventuriers venus de tout le Micromonde et bêtes fauves... Cela ne fut pas le cas, bien entendu.
Après des années de persévérance dans la recherche de ressources minérales précieuses dans les concessions difficilement acquises, l’implication dans le conseil du village de Sint Klaus, Le père de Frans avait lentement perdu la santé et sa tête, jusqu’à la fatidique noyade dans l’impétueux torrent Tukk’Kalok « Renard fougueux », ainsi appelé par les Aïnouts au regard de sa violence au printemps, lors du dégel. Frans avait beaucoup appris de son père : il savait ce qu’il devait en garder et ce qu’il devait ne jamais reproduire.
Avec la disparition inattendue de la République de Noordzeeland, tombée dans l’apathie, la figure de Willem 1er avait lentement mais sûrement laissé la place à de nouveaux venus, divers et variés… La Grande Alliance avait même fait une réserve de cette terre de glace et de toundra.
Frans, juste arrivé en ce début d'été micrartique dans les faubourgs de Haven -la plus grosse ville du territoire (tout est relatif)- à la recherche de cordes et d’outils pour ses mines enfin productives, y rencontra des Sorabes annonçant que le Rijselhoek était leur et que la Noordzeeland n'avait jamais existé... Cela rappela à lui les histoires familiales de son vieux fou de père, les prétentions de ce dernier pour l’accès de sa descendance au titre de Marquis de Bloemeke. Cela lui rappela aussi à quel point il détestait cette vie rude et à quel point les envies d’autre chose que cette boue witlandaise le taraudaient inlassablement.
Il n’avait suffi que de peu de démarches à Frans pour laisser la gestion de ses mines à son ami Ruben BALLEUW et pour s’embarquer sur un joli 3 mats russlave à coque métallique, l’Anissim GORNOSTAÏ, à destination de Noordzeestad : l’aventure du retour pouvait commencer… Frans allait découvrir cette terre ancestrale et y mener la vie que la froideur et la rudesse du Grand Nord micrarctique ne lui permettait pas… Frans VAN ROBAEYS comptait bien devenir marquis de Bloemeke !
Une fois sorti du port, il se rendit directement dans ce qui ressemblait encore à une administration, sous un fronton arborant l'aigle Noordzeelandais. Après avoir demandé son chemin à des clercs et secrétaires qui erraient là par habitude, il arriva au Bureau de l'Immigration. il y remplit alors un formulaire B435 bleu qui lui avait était gentiment tendu par une veille dame fort myope : "FORMULAIRE DE RÉINTÉGRATION DES COLONS WITLANDAIS".
Cela n'avait pros que quelques minutes... On lui donnerait bientôt une réponse, avait sussurré la vieille dame.
En attendant, il se dirigea vers le centre ville, où il logerait à l'hôtel Zeehond dont son père lui avait autrefois parlé. Il croisa un agent qui semblait faire la circulation pour les quelques automobiles circulant encore sur les grand boulevards de l'ancienne capitale, il s'adressa à lui :
- Bonjour Monsieur l'agent, je cherche à rejoindre l'île de Bloemeke, ça n'est pas très loin, au large de Zomerwind...
- Ouh la, mon brave monsieur, Zomerquoi ? C'est dans quel hoek ça, pour commencer ?
- Le Duinkerkehoek, monsieur l'agent
- Ah ben ça... Mais c'est fort au sud... Par contre il semblerait que ces satanés sectaires Noormannen se soient bien installés dans cette région... Méfiez-vous, il sont plutôt étranges et pas très fantasques ces religieux... M'enfin, moi je dis ça, je dis rien...
- Merci Monsieur l'agent, je vous laisse à vôtre tâche, un piéton semble avoir été renversé par une automobile de marque Maï-Maësvski...