A la recherche d'eau douce

Sur les côtes du Witland encore largement inexplorées, l'Intrépide, navire battant pavillon noordzeelandais, avait jeté l'ancre afin de rechercher de l'eau douce à l'intérieur des terres.

A son bord, Andries Dierckens, commandant de cette expédition "privé"... Au cours de la traversée, il n'avait pas hésité à se livrer à la piraterie pour subsister. Ainsi trois voiliers russlaves avaient été pillés et coulés, leur équipage déposé sur un iceberg...

La vie était rude sur la haute mer!

La chaloupe était à présent revenue, les matelots informèrent le capitaine de l'existance d'une source d'eau potable à moins de deux cents mètres de la côte!

Andries donna l'ordre de mettre à l'eau deux chaloupes supplémentaires. Il fit sortir des fusils de la calle du navire et arma les hommes d'équipage qui allaient l'accompagner sur la terre ferme.

Le soleil se couchait, et on entendait des bruits de tambours venant de l'épaisse forêt. Mais Andries passa outre et les trois chaloupes se dirigeaient à présent vers la rive...

Les embarcations frappèrent le sol à 50 mètres de la rive, les marins furent surpris, au moment de l'exploration la première chaloupe avait atteint la rive sans encombres.

Andries et ses hommes, une dizaine tout au plus, sautèrent dans l'eau avec leurs fusils et des seaux. Ils entreprirent la marche pénible jusqu'au littoral. Une fois arrivés, il se retournèrent pour jeter un coup d'oeil sur l'Intrépide, mais le brouillard s'était brusquement levé. On n'apercevait même plus les chaloupes distantes de 50 mètres...

Les matelots furent pris de panique, mais le capitaine leur hurla que ce n'était qu'un phénomène météorologique. Ils continuèrent afin d'arriver à la fameuse source d'eau potable, à 200 mètres de la rive comme l'avait rapporté les marins partis en premiers.

Ils pénétrèrent dans une grande forêt de sapins couverts de neige, le guide ne reconnut plus le chemin qu'il avait emprunté à peine une demi heure plus tôt! Etrange...

Soudainement, le bruit des tambours réapparut, il s'approchait!

Les marins étaient figés, la peur les paralysait! Quels étaient ces bruits étranges? Des tambours? Donc des indigènes? Ce qui était indéniable, c'était que ces sons se rapprochaient de plus en plus!

La nuit était arrivée et, en plus du brouillard, rendait impossible une vision claire. Soudain, un homme d'équipage déchargea son fusil sur un buisson. Il y eut un cris, puis plusieurs, des pierres commencèrent à voler sur les matelots depuis les arbres.

Les coups de feu partirent dans tous les sens. De grandes silhouettes sortirent du brouillard et engagèrent un corps à corps sauvage avec les marins. Ceux-ci, rapidement submergés par la masse, se débandèrent. Une fuite affreuse se produisit alors, les Noordzeelandais couraient à travers la forêt, ne savant où ils se trouvaient. Isolés, ils eurent leur tête fracassée à coups de roche.

Quelques uns cependant réussirent à échapper aux griffes des assaillants, Andries était de ceux-ci. Ayant atteint la rive, ils s'enfoncèrent dans l'eau afin de retrouver les embarcations. Après une courte recherche, ils ne retrouvèrent que des débris. Les chaloupes avaient été éventrées!

Les cinq hommes n'eurent point le temps d'y réfléchir plus, derrière eux surgirent d'énormes masses sombres. On essaya de les faire reculer en les frappant avec une rame qui flottait dans l'eau, rien n'y fit. Leur sang alla bientôt se mêler à la mer salée du Witland...

Soudain, alors que les colons noordzeelandais pensaient rendre leur dernier souffle, un homme imposant se détacha des autres indigènes et cria dans sa langue une courte sentence qui fit stopper net les guerriers...

L'homme s'avança vers Andries Dierckens et les survivants... Il marchait d'un pas noble et viril. il portait à la main une arme notable, un harpon en ivoire de morse de dimensions peu communes... Il s'agissait de Knenouk Agadÿk, le chef des tribus de la côte, le fils du valeureux Kenecte Agadÿk, lui même fils de Nanouk Agadÿk, descendant des dieux...

Knenouk s'approcha d'Andries et prit la parole en noordzeelands:

- Toi, Homme Blanc, tu ne vas pas mourir! Tu vas transmettre mon message à ceux qui croient pouvoir remettre en cause l'unité des Aïnouts et de leur terre mère!

Knenouk fit un geste rapide et les guerriers s'emparèrent d'Andries et de ses derniers hommes, il furent ligotés et on les emmena alors au coeur de cette forêt sombre de sapins du Witland...

Devant repasser sur les lieux du massacre, Andries et ses compagnons purent observer les restes de la petite troupe noordzeelandaise... Les têtes fracassées, les fusils brisés, le sang sur la neige et sur les troncs des arbres...

Les cinq Noordzeelandais furent menés au plus profond de la forêt. Ligotés, ils avaient du mal à suivre le rythme endiablé de leurs gardiens. Les guerriers indigènes semblaient reconnaître parfaitement leur chemin dans la brume.

Finalement, le groupe fit une halte au pied d'une falaise, le village devait être proche...

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