Dehors les pirates !

De la lumière au fond du couloir... Pas de lumière électrique, bien entendu, une lampe à pétrole. La décadence du stadhouder et l'invasion sorabe avaient laissé la Noordzeeland dans un état plus que pitoyable...
La gloire des mers septentrionales n'était plus qu'un fantôme du Micromonde.

Mais là-bas, au bout de ce couloir de l'ancien bâtiment de l'administration de S.M le Stadhouder, une flamme vacillait au tout de quelques anciens fonctionnaires toujours dignement fidèles au poste : "Il faut que ça en finisse avec ces pirates de pacotille des mers du Sud, nous devons nous réveiller !" pouvait entendre celui qui aurait parcouru ces couloirs abandonnés.

De fait, c'est ce qu'entendit Joris STEENBECKE, natif de Demoerenhoek, ancien capitaine de la flotte du Witland : il décida de s'approcher de ces mumures presque inaudibles.

Comment faire pour mener une insurrection afin de redonner à la Noordzeeland son aura et confiance à son peuple fier et commerçant ?
Cela pouvait commencer par des actions de sabotage : comment l’administration sorabe, au demeurant fort peu efficace, pourrait maintenir son autorité sans communication dans le Rijselhoek sans le réseau de téléphone et télégraphe ??
Cela tombait fort bien, l’un des fonctionnaires réunis avait un beau frère au sein de la principale centrale téléphonique de Rijsel : il pourrait sans doute y faire quelque chose…

Le maquis de Zomerwind se morfondait dans son manoir, noyant ses longues journées dans l’alcool. Comment ce pays aussi prometteur avait-il pu sombrer ? Longtemps il s’était posé la question, elle l’avait dévoré même il fut un temps. Il est dit que dans les tréfonds de chaque homme, réside l’énergie d’un dernier combat. Les rotatives du Noordzeestad Dagblad ne demandaient qu’à reprendre vie…

Il se disait, dans les couloirs des différentes administrations locales reprenant vie, que toute étincelle de redynamisation serait la bienvenue... Quand bien même se fût-il agit de presse, même conservatrice...

La motivation du Marquis de Zomerwind ne passa pas inaperçue au sein du Bureau de Renaissance Nationale, installé dans l'ancien service des Cultures autochtones du Witland oriental de l'administration Noordzeelandaise...

Hans Peter Vandenbroek, ancien graveur de Ateliers Nationaux de Gravure de Noordzeestad, ne savait que faire de ses jours...

Lorsqu'il entendit des collègues, tout aussi désoeuvrés mais plus apathiques que lui, parler d'un pétillement, voire d'un renouveau de l'activité de l'administration et de la nation (comment distingue les deux dans un pays tel que la Noordzeeland), il se dirigea tout pimpant vers ses anciens ateliers, quelques peu abandonnés à eux-mêmes.

Par chance, et surtout dû au respect du cadre des Noordzeelandais, rien n'avais bougé depuis l'effacement de l'administration : il pu s'asseoir devant son ancien pupitre et s'attacher à imaginer une nouvelle identité à la république renaissante