La lumière perpétuelle de l'été polaire éclairait en cette heure tardive de la journée les rives du village d'Outchak. Des peaux de phoques séchaient sur la grève, aux côtés des filets de morues qui prenaient le vent et se gorgeaient de soleil.
La vie traditionnelle des habitants de la côte de l'Entre-Fleuves "Tussen Rivieren" -dans la langue qui se faisait de plus en plus présente depuis quelques mois dans les Terres Blanches- suivait son cours. Les enfants étaient déjà bien loin dans leurs songes et les femmes cousaient encore cuirs et fourrures tandis que les hommes se remémoraient leurs épisodes glorieux de chasse à l'ours blanc...
On entendit un bruit, comme le tonnerre, comme un claquement sec qui faisait se fendre les airs... On entendit des cris enragés et des hurlements de bêtes qui s'exprimaient dans un langage diabolique: les premiers trappeurs de la Compagnie du Witland venaient de débarquer en tirant au revolver et en jurant à pleins poumons...
Jan Verschaeve, Lukas Dierendonck, Pieters Vanhille et d'autres moins bruyants posaient le pieds pour la première fois sur la terre des Aïnouts du Witland après leur séjour et leur enrôlement à Ijsstad, dans les Potvis Eilanden...
- A nous les peaux et fourrures, à nous les femmes, à nous l'or!!!
Les cris fusèrent, les tirs claquèrent...